Sylvie O'Dy, Roxane Ouadghiri et Mehdi Bouzaïda
- Sylvie
Présidente du CCEM, j’ai accompagné l’association depuis sa création en 1994. À l’époque personne ne voulait croire à l’existence d’esclaves modernes en France. Il a fallu toute l’énergie et la force de conviction de ceux qui l’ont rejointe pour lutter contre l’incrédulité, l’inertie, l’indifférence face à ces victimes abusées, détruites, abandonnées. Il n’a jamais été question de les abandonner malgré les innombrables difficultés rencontrées au jour le jour. Vingt-cinq années plus tard, après avoir secouru plus de 650 victimes et soutenu plus de 270 procès, le CCEM n’a plus à prouver sa légitimité. Mais chaque année, il se bat pour pouvoir financer son action. Où va dormir une victime arrachée à son exploiteur ? Rien n’est prévu pour elle. Alors le CCEM a dû louer un appartement pour accueillir ces femmes vulnérables et apeurées. Ce qui représente une charge très importante pour une petite association. C’est pourquoi nous plaçons beaucoup d’espoir dans cette campagne de crowdfunding pour pouvoir continuer à les recevoir dans un appartement sécurisé où tout est fait pour les aider à se reconstruire.
- Roxane
Alors que j’intégrais un master en droits humain et action humanitaire à Sciences Po, je cherchais une association dans laquelle m’investir en tant que bénévole afin de compléter une formation académique par une connaissance du terrain.
Les actions du CCEM m’ont immédiatement interpellée ; les thématiques de la traite et de l’exploitation par le travail sont à l’intersection d’un nombre important d’enjeux. En contribuant à lutter contre ce phénomène, il m’a semblé qu’il était finalement possible de lutter contre les inégalités et injustices en général.
Pendant un an, j’ai apporté un soutien ponctuel et bénévole au CCEM, notamment en réalisant des petits travaux statistiques et d’analyse. En automne 2017, j’ai rejoint l’équipe en tant que stagiaire, puis volontaire de service civique. Aujourd’hui, jeune diplômée et salariée, je travaille sur le développement de l’action de l’association CCEM, ce qui m’a amenée à découvrir la plateforme Les Petites Pierres et le Fonds de Dotation Qualitel, qui ont accepté de relayer et soutenir notre projet.
Le projet que nous présentons n’a rien de révolutionnaire, mais ça ne l’empêche pas d’être essentiel à l’action quotidienne du CCEM. Pouvoir maintenir l’appartement, cela veut dire pouvoir être réactif et flexible, apporter une aide sur mesure, à chaque fois qu’il y en a besoin. C’est ainsi un dispositif complémentaire à tous les autres dispositifs d’hébergement.
Grâce à la plateforme des Petites Pierres et au Fonds de Dotation Qualitel, nous espérons toucher et faire connaître nos actions à une nouvelle audience.
Grâce à vos dons, c’est une dizaine de femmes qui pourra faire le choix de quitter un environnement néfaste et violent sans se retrouver sans toit et encourir de nouveaux risques. Elles seront mises à l’abri, épaulées et accompagnées dans leur chemin pour la reconstruction.
- Mehdi
Avocat depuis près de 10 ans, j’assiste des personnes confrontées à des difficultés de droit du travail et de droit pénal. C’est donc tout naturellement que je me suis investi aux côtés du Comité Contre l’Esclavage Moderne qui fait face à des situations au carrefour de ces deux matières, en venant en aide aux victimes de traite et d’exploitation par le travail dans des conditions illégales et inhumaines. J’interviens alors pour les défendre dans le cadre des procédures menées devant les juridictions prud’homales et pénales avec l’objectif de faire sanctionner ces pratiques et réparer les préjudices subis.
Pour pouvoir faire valoir ses droits, il faut d’abord sortir de l’exploitation, ce qui signifie sortir de l’enfermement qu’elle implique bien souvent. Et c’est précisément à ce moment-là qu’il est capital de retrouver un toit afin de se reconstruire en toute sécurité, loin de l’exploiteur, et envisager une vie meilleure, libre et autonome.
Or, aucun dispositif d’accueil n’existait dans ce type de situation, le CCEM a donc pris l’initiative de louer un appartement avec ses propres fonds pour pouvoir mettre à l’abri les victimes de l'esclavage moderne, éviter qu’elles se retrouvent à la rue, et ainsi les accompagner sur le chemin de la reconstruction.
C’est dans cette perspective que l’opération de crowdfunding sur Les Petites Pierres a été lancée, dans l’espoir de permettre au plus grand nombre d’investir, de manière directe et transparente, ce toit pour briser les chaines.
Les fonds ainsi récoltés permettront ainsi au CCEM de poursuivre le combat contre l’esclavage moderne et pour la dignité.